Les voix des parties civiles contre le déni des anciens dirigeants







Dans la matinée, les Cambodgiens sont au rendez-vous des plaidoiries finales des avocats des parties civiles. Mais l'après-midi, la salle est presque vide. Aucun diplomate ne s'est déplacé, aucun officiel cambodgien. Le tribunal ne semble pas la préoccupation majeure d'un pays en proie aux inondations et à une crise politique majeure. (Anne-Laure Porée)







Ce sont les avocats cambodgiens qui ouvrent la journée. Pour ceux qui avaient suivi le procès de Duch, le contraste est saisissant : les interventions sont construites, chacun s’efforce de respecter la délimitation de son sujet ainsi que son temps de parole. Dans leur volonté de démontrer, ils citent abondamment les parties civiles. Hong Kim Suon s’attaque au thème de l’entreprise criminelle commune. Il s’agit, sans entrer dans le détail, d’interroger les politiques qui ont conduit à la mise en œuvre des coopératives (donc le travail forcé), des mariages forcés, des centres de sécurité et sites d’exécution, des persécutions religieuses, au génocide des Vietnamiens et de Chams…


La pratique des déportations dès 1972
En introduction de son propos, Hong Kim Suon rappelle que les transferts forcés de population étaient pratiqués bien avant la prise du pouvoir par les Khmers rouges dans les zones sous leur contrôle. “Dès 1972.” Il cite Kompong Cham, Kompong Speu, Mondolkiri, Svay Rieng, Kandal… Les déportations sont massives et répétitives, insiste l’avocat. Il donne des chiffres : les Cambodgiens de 17 provinces ont été déplacés vers 14 autres provinces du pays, dans des conditions inhumaines. “Les forces du PCK n’ont apporté aucune aide aux évacués.” Et Nuon Chea savait, précise l’avocat. Ieng Sary savait aussi puisqu’il a confirmé avoir parlé des projets d’évacuation de Phnom Penh avec Pol Pot. Mais Ieng Sary est mort le 14 mars 2013, il ne siège plus au banc des accusés.


Les récits des Peuple Nouveau contre la version des anciens dirigeants
A propos du fonctionnement des coopératives, des camps de travail et de la politique agricole du Kampuchea démocratique (axée sur la culture du riz, du latex et du sel), Hong Kim Suon décrit les objectifs irréalistes, la division de la population en Peuple Nouveau et Peuple Ancien, la discrimination, le processus de déshumanisation en marche, le contrôle social et le contrôle des mentalités par le biais de la surveillance permanente et des sessions d’autocritique. Chaque argument est méticuleusement étayé par les paroles des parties civiles. Et chaque fois la responsabilité des accusés est soulignée. Ainsi Hong Kim Suon rappelle les visites de Nuon Chea et Khieu Samphan sur les chantiers de la révolution et les réunions de frère numéro 2 avec les responsables locaux. Comment pouvaient-ils ignorer ce que vivait le peuple cambodgien ?

La politique des mariages forcés, Hong Kim Suon l’aborde du point de vue des hommes autant que des femmes. Il tente d’expliquer que ces mariages sont le fruit d’une décision prise au plus haut niveau de l’Etat mais ses propos sont confus et manquent cruellement de précision. Cependant l’avocat rappelle le rôle de l’Angkar dans ces cérémonies : l’Angkar au nom de qui elles se tenaient, l’Angkar à qui les nouveaux mariés prêtaient alors serment de loyauté. L’Angkar qui a pensé cette politique de mariages forcés.

Dans les centres de sécurité, c’est “l’ennemi” qui est visé. “A tous les niveaux, il fallait rendre compte de la politique. Il fallait envoyer des rapports” déclare Hong Kim Suon, affirmant que Khieu Samphan participait à des réunions où des décisions relatives à ces politiques étaient prises. Nuon Chea (qui fut le supérieur direct de Duch) avait autorité pour décider de l’élimination des ennemis au premier rang desquels figuraient les représentants de la République khmère. Quant aux persécutions des Vietnamiens, Hong Kim Suon en expose de multiples exemples.


Un public réceptif
L’avocate Ty Srina, elle, s’intéresse à la pertinence des arguments des Khmers rouges pour évacuer Phnom Penh. “J’invite la chambre à se pencher sur ce prétexte des bombardements américains quand la véritable raison de l’évacuation n’est pas expliquée par la défense.” L’indispensable énumération des crimes, les nombreuses citations des parties civiles et les avocats campés dans une lecture parfois poussive ont pu passer pour laborieux, pourtant le public cambodgien semble y avoir trouvé son compte.  Une femme venue de la province de Takéo raconte qu’elle avait 7-8 ans sous le régime de Pol Pot. “Ce que disent les avocats, c’est ce que nous avons vécu.” Pour elle, qui vivait à l’époque en zone rurale, les transferts de population incarnent bien les souffrances de tout un peuple. “Nous aussi nous avons été envoyés travailler ailleurs et séparés de notre famille”.


Nuon Chea et Khieu Samphan dans le collimateur
Après la présentation de ses confrères, Christine Martineau articule sa plaidoirie autour d’une question lancinante posée par les parties civiles. Pourquoi ? La question s’adresse avant tout aux accusés qui sont dans sa ligne de mire pendant 45 minutes.
Elle les interpelle. “Vous Monsieur Nuon Chea, vous Monsieur Khieu Samphan, […] Vous tentez de donner à votre régime et à vous-même une image humaine.” Nuon Chea reconnaît avoir été un dirigeant du Kampuchea démocratique, il se dit responsable mais uniquement moralement, fulmine l’avocate avant de dénoncer le système de défense “bien huilé” Khieu Samphan : “Vous vous transformez en victime. Je ne savais rien, je n’étais qu’un intellectuel, j’étais inutile. Mon rôle était de me sauver. Vous avez réussi…”


“Vous étiez plus qu’un président fantoche”
Christine Martineau s’insurge contre la stratégie de l’ancien chef d’Etat du Kampuchea démocratique.  “Vous osez demander que les responsables soient poursuivis. Monsieur Khieu Samphan, soyez réalistes, vous êtes devant un tribunal. Vous étiez beaucoup plus qu’un président fantoche.”
L’avocate rappelle la fidélité de Khieu Samphan à Pol Pot, bien avant le Kampuchea démocratique et bien après la chute du régime khmer rouge. “Qui croyez-vous convaincre en esquivant vos vraies responsabilités ? Vous prenez vos désirs pour des réalités. Vous utilisez vos armes préférées, le secret, le mensonge pour vous justifier. Les parties civiles ne sont pas dupes.”


Le crime est dans les détails
Aux discours et aux stratégies des anciens dirigeants, l’avocate oppose les récits circonstanciés des parties civiles: “Ce sont des détails, des faits précis. Toutes ces données brutes viennent dire que votre crime est un crime de l’humanité. Le crime, comme le diable, est partout, même dans les détails.” Elle oppose aussi des questions de bon sens. En écho aux propos de Ty Srina sur le prétexte des bombardements américains, elle demande pourquoi envoyer sur les routes 2 millions de personnes quand les dirigeants eux-mêmes reconnaissent que le pays est dans un état catastrophique. “Si on suit votre raisonnement, il n’y avait pas à manger dans le Cambodge, que vouliez-vous faire de 2 millions de personnes sur les routes ?”


Le Peuple Nouveau, une appellation officielle
Les accusés, plus particulièrement Khieu Samphan, se défendent en disant qu’il n’y a pas eu de discrimination pendant les évacuations. Elles ont concerné tout le monde, donc il n’y avait pas de mauvaise intention. Christine Martineau répond encore par la voix des parties civiles : “Vous les avez appelés le Peuple Nouveau. Cela ne vient pas d’eux. Les parties civiles n’ont pas arrêté de le dire. C’était l’appellation officielle. Vous avez créé un groupe à part, vous l’avez séparé des masses sur lesquelles reposaient votre révolution aux relents marxistes. Vous instaurez une ségrégation dans la société cambodgienne. Il n’y a pas de groupe politique, dites-vous. Mais vous l’avez forgé ce groupe politique. Peu importe les activités diverses de ces citoyens, vous leur avez attribué ces caractéristiques, un groupe qui par essence est un groupe ennemi.” Les parties civiles n’ont-elles pas répété au long du procès que “par principe on nous considérait comme des ennemis” ?
Le Peuple Nouveau n’avait pas les mêmes droits que le Peuple Ancien, ils n’étaient même plus des citoyens, conclut Christine Martineau en citant l’interdiction du droit de vote et en interpellant une nouvelle fois Khieu Samphan :  “Les élections, on ne vous les avait quand même pas cachées !”


La masse contre l’individu
S’offusquant des doutes formulés par les accusés sur les disparitions, par centaines ou par milliers, l’avocate leur redonne leur identité de maris, de femmes, d’enfants, de tantes, d’oncles, d’amis…“Vous vivez ce Peuple Nouveau comme une masse. Ce ne sont plus des individus.” “Vous rejetez votre responsabilité pénale, vous la faites endosser par les échelons inférieurs. Mais vous étiez les dirigeants. Vous étiez le centre. Vous étiez l’Angkar, abstraction faite pour vous protéger, abstraction faite pour terroriser.”
Ainsi les transferts forcés de la fin 1975 n’ont rien d’humanitaire, ils sont destinés à produire davantage, à mettre la masse au travail. Les parties civiles et leurs multiples témoignages apportent la preuve irréfutable que les décisions de transferts ont été prises au sommet. “Il n’y a plus d’individu, il y a une masse que l’on transfère.” Des transferts méticuleux, avec des listes, avec des ordres venus d’en haut. “Si les ordres n’étaient pas venus du Centre, il aurait été impossible de faire traverser le pays à tant de monde.” Les transferts, à pied, en charrettes, en camion dans des conditions abominables sont “systématiques, généralisés et discriminatoires. […] Ce ne sont pas les petits chefs qui ont organisé les transferts” ajoute l’avocate en citant de nouveau une partie civile : “C’était l’étape vers notre destruction en tant que Peuple Nouveau”.


Kampuchea démocratique, Etat esclavagiste
Sur des images de propagande khmère rouge projetées à l’audience, Christine Martineau évoque les voyages de Nuon Chea en province. “Vous ne semblez pas vous être inquiété des conditions de travail, vous ne les faisiez pas changer. Vous avez été ‘emballé’ par ces grands barrages.” Alors que défilent sur les écrans des CETC les travailleurs vêtus de noir qui courent pour déplacer la terre, vider leurs paniers, les enfants soumis au même régime, la voix de l’avocate résonne : “Votre nation est un Etat esclavagiste”.


Génocide, effacement des vivants et des morts
En conclusion de sa plaidoirie, Christine Martineau s’arrête sur le mot génocide, si souvent employé par les Cambodgiens eux-mêmes. Un terme qu’elle n’interroge pas dans sa dimension juridique mais dans sa dimension humaine. “La déshumanisation a tué les vivants mais aussi les morts. Oui, les morts ont été déshumanisés, avant la mort, après la mort. Plus de tradition, plus de rites religieux. Les corps ont disparu, où sont-ils ? La mort est effacée, il n’y a plus de crimes. Il suffit de gommer la réalité pour qu’elle n’existe plus. Mais à ce procès, les parties civiles sont venues avec leurs morts.”


“Ce procès n’aura pas été inutile”
Elisabeth Simonneau-Fort, co-avocate principale des parties civiles choisit d’entrer en plaidoirie sur un mode plus intime, sur les doutes qui l’ont traversé à ses débuts aux CETC, des doutes sur sa démarche. Des doutes que les morts, les survivants, les familles des victimes ont très vite balayés. “Ce procès n’est pas exactement ce qu’on aurait voulu qu’il soit”, glisse-t-elle. Malgré tous ceux qui n’auront pas été entendus, malgré les faits qui ne seront peut-être pas jugés, malgré l’impossibilité de répondre à toutes les attentes, malgré les ralentissements liés à la santé déclinante des accusés, aux problèmes financiers, elle est convaincue que “ce procès n’aura pas été inutile”. “Il aura été un espace de réflexion, de vérité, d’émotion, d’analyse, d’explication et de preuve. Bref, un espace de justice.”


Tout le régime dans les transferts forcés
Comme ses prédécesseurs, Elisabeth Simonneau-Fort va chercher à démontrer combien les transferts forcés de population et l’exécution des représentants de le république khmère (l’ancien régime de Lon Nol) incarnent “tout ce qui définira le régime”.
Pour résumer ce que fut le 17 avril 1975 pour les Cambodgiens et combien cela ne pouvait être improvisé, elle fait appel aux mots de Rithy Panh dans L’élimination : “Je sais aujourd’hui que la vitesse est un facteur décisif — qui semble ne pas peser rétrospectivement. Nous n’avons pas eu le temps d’être fascinés, ou même convaincus. Nous avons été immédiatement déplacés. Affamés. Séparés. Terrorisés. Privés de parole et de tous nos droits. Nous avons été brisés. Nous avons été submergés par la faim et la peur. Et toute ma famille a disparu en six mois.”


L’ampleur accablante des récits identiques
Ce que l’avocate avance contre le déni de responsabilité de Nuon Chea et Khieu Samphan, ce sont les mêmes mots prononcés partout dans le pays, les mêmes descriptions, les mêmes faits. “Ils entendent tous la même chose, relais du discours venu d’en haut.” L’ampleur des récits identiques est accablante.
Ceux qui sont expulsés des villes ne comprennent pas ce qui leur arrive. Ils ne savent pas que c’est “la première étape d’un vaste plan criminel dont ils seront les victimes. Ils ne savent pas que dans ce plan criminel, tout est déjà là, tout fonctionne dans les zones occupées, et ce, depuis des années.” Lors des transferts de population orchestrés fin 1975-début 1976, ils réaliseront qu’ils ne sont plus que des outils. Du Sud, du Sud-Ouest, du Centre, ils sont envoyés vers le Nord-Ouest “comme on enverrait du bétail ou des machines agricoles qu’on n’a plus”, illustre Elisabeth Simonneau-Fort. “On les entasse. Ils n’ont pas le droit de sortir, de se plaindre, ils n’ont pas d’eau, pas de nourriture, pas de soins… Ils ne se voient plus eux-mêmes comme des êtres humains.” Et il y a les massacres. “20 000 charniers sont découverts dans le Cambodge”, précise-t-elle.


Nuon Chea et Khieu Samphan sont dans l’Angkar
En dépit de ces évidences ou de ces preuves concrètes, “Nuon Chea dit que personne n’a vu directement tuer, suggérant que cela n’aurait peut-être pas existé”. L’avocate liste alors des éléments de preuve précis (organisation de massacre, exécutions, charnier) et pointe encore que “pour Nuon Chea cela n’a peut-être pas existé”. Les chefs locaux, les chefs de zone auraient donc de leur pleine initiative torturé, affamé, assassiné ? “Nuon Chea comme Khieu Samphan arguent de leur totale ignorance, pour autant bien sûr que cela eut existé. Ils ont dit qu’ils ne savaient pas, qu’ils ne voulaient pas cela pour le peuple cambodgien.” Comment le croire ? dit le silence qui s’installe avant que l’avocate reprenne le flambeau. “Quand le monde entier découvre S21 [en 1979 et au début des années 1980], Khieu Samphan, lui, ne sait rien. Il faudra qu’il voit le film de Rithy Panh en 2003 pour apprendre l’existence de S21…”
Si les mêmes termes et les mêmes subterfuges sont appliqués partout dans le pays c’est qu’ils sont le fruit d’une propagande, c’est qu’une tête pense le discours et la politique. Cette tête, c’est l’Angkar, c’est un groupe. “Nuon Chea et Khieu Samphan en font partie. Nuon Chea a dit à maintes reprises que Pol Pot et lui ne faisaient qu’un. Frère numéro 2 c’est lui, lui qui est juste en dessous, à côté, parfois à sa place.” Khieu Samphan a raconté qu’il suivait Pol Pot comme une ombre. Il est aussi l’homme des estrades, des campagnes de propagande, qui galvanise les foules par des discours teintés de lourds mensonges.


Les conditions et les outils de la destruction
La peur, et la faim, “tellement efficace”, “si obsédante qu’elle retire toute capacité de penser et d’agir dans un autre but que celui de survivre”, sont les conditions de la destruction, du crime. Les Khmers rouges se servent aussi de divers instruments pour parvenir à leurs fins. Elisabeth Simonneau-Fort en relève trois essentiels : le collectivisme; le changement du langage “qui devient guerrier à l’extrême” (“tout est combat et tout est agression”) et dont les documents officiels témoignent; et les enfants, séparés, enrôlés, manipulés, qui symbolisent la dissolution programmée de la famille.


La preuve d’un plan criminel commun
“Est-ce que j’invente tout cela ? Est-ce que les parties civiles exagèrent, transforment l’événement sous le coup de l’émotion ?”, interroge l’avocate. Non. Car ce qui frappe, ce n’est pas seulement que les mêmes événements et les mêmes scènes se répètent à l’échelle de tout le pays, c’est aussi qu’ils sont racontés de la même façon trente ans plus tard. Ce que les réfugiés décrivaient au père François Ponchaud en 1976 et ce que les survivants racontent aujourd’hui. “On entend la même chose”. Il n’y a pas non plus de différence entre ce qu’ont écrit et rapporté “au plus tard dans les années 1980”, Steve Heder, Ong Thong Hœung, Laurence Picq ou Pin Yathay et les récits entendus pendant ce procès. “Tout se corrobore et se ressemble jusque dans les détails.” Y compris les documents officiels. Cette logique et cette concordance prouvent selon Elisabeth Simonneau-Fort “l’application scrupuleuse de ce qui est décidé en haut”.


Une question de bon sens
La co-avocate principale des parties civiles déplore le manque de courage des accusés, le silence, le mensonge, la dénégation. les parties civiles, hantées par les mêmes questions depuis 35 ans, “auraient voulu les débats et les explications qu’on leur avait promis et qui n’ont pas eu lieu autant qu’on avait espéré. C’est dommage.” Mais c’était prévisible, elle en convient. “En dépit des preuves documentaires, du nombre des disparus, en dépit du nombre de charniers, en dépit des discours de l’époque, ils continuent de dire qu’ils n’étaient pas au courant.” Alors se pose une question de bon sens, comme la qualifie Elisabeth Simonneau-Fort : “Que faisaient ces hauts dirigeants pendant leurs réunions quotidiennes ?” De quoi parlaient-ils avec les chefs de zone, de districts, de secteurs, dans des réunions qui duraient plusieurs jours d’affilée ? S’attachant à une réflexion de Youk Chhang, directeur du Centre de documentation du Cambodge, elle demande surtout de quoi ces dirigeants ne veulent-ils pas parler ? Les accusés répondent de crimes contre l’humanité, les crimes les plus graves. “C’est la réalité qui fonde ce procès. […] Je souhaite que la justice les condamne pour avoir organisé tout ça.”


L’attente de réparations
Au-delà de la condamnation, les parties civiles attendent enfin des réparations qu’Elisabeth Simonneau-Fort définit comme “une part essentielle d’une juste condamnation sans laquelle cette décision ne serait pas complètement aboutie”. Avant de passer le relais à son collègue cambodgien, elle rappelle combien il est injuste que les parties civiles cherchent des financements pour les réparations (les coupables, indigents, ne sont pas impliqués dans la réparation du préjudice subi) alors que ces réparations leur sont dues.


Une liste de 13 projets de réparations
Parmi les réparations demandées figurent une journée de la mémoire que le gouvernement cambodgien a accepté de fixer au 20 mai, date à laquelle des cérémonies sont déjà organisées chaque année. Les parties civiles ont aussi travaillé à des projets de monuments à travers le Cambodge qui pourraient être soutenus par les ONG Youth For Peace et Karuna Kdei. L’érection d’un monument à Phnom Penh, en face de l’ambassade de France, conçu par l’artiste Séra, financé par l’ambassade et les entreprises de construction est mentionnée. Un monument à Vincennes, en France, également. Des témoignages thérapeutiques et des groupes d’entraide auprès des communautés locales pourraient être pris en charge par l’ONG TPO. Le Centre de documentation du Cambodge (DC-Cam) soutiendrait des expositions permanentes dans 5 musées de province, une exposition itinérante, ainsi que la rédaction d’un chapitre sur les CETC, le procès 002 et la participation des parties civiles dans le manuel des professeurs d’histoire cambodgiens. L’organisation Youth For Peace s’associerait à la fondation d’un Peace Learning Center et les organisations des droits de l’Homme regroupées au Chrac s’attelleraient à la réalisation d’un livret pédagogique sur le procès à destination des populations de conditions modeste. Enfin les parties civiles espèrent la publication du jugement et la publication de leurs noms sur le site internet des CETC.

3 réponses sur “Les voix des parties civiles contre le déni des anciens dirigeants”

  1. il est important pour les futurs générations de ne pas oublier les atrocités commissent par les kmers rouges
    non aux dictatures quelques soient (politiques,religieuses,commerciales,financières)

  2. Il n’est jamais trop tard pour juger un crime celui commis par le KD. L’age des responsables n’a aucune importance, puisque ce que ce n’est pas le procès des vieillards mais celui des criminels, de crimes contre l’humanité. Donc, bien sur cela sert, non seulement pour déterminer les responsabilités individuelles mais surtout pour l’histoire elle-même

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