« Monsieur Peschoux s’est conduit comme un voleur »

Le 6 avril, alors que s’ouvraient les audiences consacrées à M13, la défense de Duch demandait à ce qu’un entretien réalisé entre le 29 avril et le 3 mai 1999 par Christophe Peschoux alors représentant du Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme, ne soit pas porté à charge contre l’accusé, émettant de sérieuses réserves sur la manière dont cet entretien avait été mené. En cette journée de clôture des audiences sur M13, le juge Lavergne a souhaité revenir sur les circonstances dans lesquelles cet entretien a eu lieu afin que la cour prenne sa décision de retenir ou non ce document en connaissance de cause.

L’accusé  a donc été questionné sur ces circonstances. Il n’a pas mâché ses mots. « Si on écoutait l’enregistrement, on pourrait se rendre compte que je ne pouvais collaborer », lâche Duch reprochant à Christophe Peschoux de l’avoir approché sous le faux prétexte de vouloir le rencontrer dans la perspective de construire une école à Battambang, d’avoir élevé la voix pendant les entretiens, d’avoir brandi l’autorité d’un mandat de l’Onu pour qu’il parle, d’avoir dit qu’il allait trouver un pays qui lui offrirait l’asile politique et où il serait incarcéré. « Monsieur Peschoux s’est conduit comme un voleur. Pourquoi n’avait-il pas un accord préalable avec le gouvernement ? », interroge Duch en insistant sur le fait qu’il était prêt à reconnaître ses responsabilités, en particulier depuis que Pol Pot avait nié l’existence de S21 et affirmé que S21 était une invention des Vietnamiens. « J’ai été amené à sortir de mon silence. Je devais apparaître au grand jour. » Duch a donc répondu librement à Christophe Peschoux, ainsi qu’aux journalistes Nic Dunlop et Nate Thayer qui avaient retrouvé sa trace et étaient présents. « Je voulais révéler la vérité. »

Le co-procureur a bien tenté de demander à Duch s’il refusait que cet entretien soit utilisé contre lui parce qu’il l’incrimine davantage encore. Il a fait chou blanc face à la défense qui l’a accusé de « rentrer par la fenêtre alors qu’on a fermé la porte ».

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