Vann Nath, 66 ans, était plongé dans le coma depuis une dizaine de jours. Il s’est éteint le 5 septembre peu avant 13h, dans une clinique privée de Phnom Penh. Depuis 1979, il témoignait sans relâche sur la machine de mort khmère rouge que fut le centre d’extermination S21. Ses tableaux consacrés au quotidien des prisonniers à S21 et aux méthodes de torture constituent l’outil pédagogique le plus précieux du musée du génocide de Phnom Penh. Ils ont aussi profondément marqué ceux qui ont assisté à l’audience de Vann Nath en juin 2009, lorsqu’il fut entendu par les juges chargés de juger Duch, ex-directeur de S21. Dans le documentaire de Rithy Panh « S21, la machine de mort khmère rouge », il est un contradicteur exemplaire des anciens Khmers rouges : calme, ferme, intransigeant. Vann Nath est mort sans avoir entendu le verdict définitif contre Duch.
Nuon Chea vu par Bou Meng
«Quand je vois Nuon Chea porter un bonnet et des lunettes noires, je pense au dicton ‘quand on est chargé de tuer des cochons il ne faut pas avoir peur de l’eau chaude’. Nuon Chea se comporte comme s’il ne fallait pas que le public le reconnaisse, il a le visage de quelqu’un qui a commis des crimes mais veut éviter la vengeance du public.»
La rengaine de frère numéro 2
L’audience à peine entamée, Nuon Chea portant bonnet et lunettes noires demande à quitter le tribunal. Il procède de la sorte depuis l’ouverture du procès lundi 27 juin 2011, provoquant des commentaires choqués, amusés ou étonnés par son autorité naturelle.
«Mon nom est Nuon Chea. Monsieur le président, madame, messieurs les juges, et chers compatriotes,
En raison du fait que l’audience d’aujourd’hui traite des questions portant sur l’affaire Ieng Sary, moi, Nuon Chea, souhaite retourner au centre de détention. Je reviendrai à la salle d’audience pour coopérer de façon active avec le tribunal quand l’ordre du jour portera sur des questions sur mon affaire.»
Un nouveau juge d’instruction international
Suite au départ du juge d’instruction français Marcel Lemonde (désormais à la retraite), c’est le juge allemand Siegfried Blunk qui vient de prendre ses fonctions aux Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens (CETC). Il était depuis 2008 le juge d’instruction de réserve. Siegfried Blunk, diplômé en droit à l’université de Munich, est l’auteur d’une thèse sur le droit international. Après un début de carrière en qualité de procureur, il passe juge en 1977, poste qu’il gardera pendant 26 ans. En 2003-2005, il sert comme juge international dans le tribunal hybride de l’Est-Timor. Qu’instruiront le juge Blunk et le juge cambodgien You Bunleng sachant que le gouvernement cambodgien a déjà prévenu qu’il ne voulait pas des affaires numéros 3 et 4 ?