Un certain Phal témoignait déjà en 1979


Phal, le jeune garçon découvert à S21 par les troupes de libération est filmé avec son frère et les deux autres enfants dans "Les enfants du Cambodge". Le film n'est pas daté. Les images sont en consultation libre au centre Bophana à Phnom Penh. (Direction du cinéma)
Phal, le jeune garçon découvert à S21 par les troupes de libération est filmé avec son frère et les deux autres enfants dans "Les enfants du Cambodge". Le film n'est pas daté. Les images sont en consultation libre au centre Bophana à Phnom Penh. (Direction du cinéma du Cambodge)


Extraits :

« J’ai deux frères : Lit, 8 ans, et l’autre est mort dans la prison de Tuol Sleng à l’âge de 5 mois. J’ai été emprisonné avec ma mère et mes deux frères. Les gens de Pol Pot nous ont séparés de notre mère dès notre arrivée à Tuol Sleng. Ayant très faim, mon petit frère ne cessait de pleurer et finissait par mourir. Le jour, ils nous ont laissé, moi et Lit, à la cuisine. La nuit, nous nous couchions dans un petit compartiment, au rez-de-chaussée du même bâtiment. Nous n’avions qu’un pantalon et une chemise débraillés. Nous dormions sans moustiquaire ni couverture. Chaque nuit, nous étions la proie des innombrables moustiques. A chaque repas, nous avions droit à une louche de potage et une cuillerée de soupe avec un peu de sel. Chaque fois que les polpotistes étaient en colère, ils nous fouettaient sans pitié et nous frappaient sur la tête. Un jour, sans que nous sachions le motif, ils nous donnaient des coups de pieds par derrière, auprès d’un tas de vêtements qu’ils ont enlevés aux prisonniers. A ce moment, je les ai vus en train de tuer un garçon, un peu plus grand que moi, en l’écrasant contre un arbre, à côté de la cuisine. J’ignore où ils ont mis le corps de ce garçon. Quand ils ont tous quitté la prison, nous revenions à la cuisine. Comme nous n’avions pas le moyen de faire cuire du riz, nous mangions les restes du potage qui était déjà en état de fermentation. Nous mangions également les restes de repas réservés aux cochons. Durant un séjour en prison, j’ai vu des tortures les plus atroces que les polpotistes ont fait subir aux prisonniers. Ils ont chauffé une tige de fer à blanc et l’ont introduite dans les narines des prisonniers. Les prisonnières ont été immergées dans des jarres d’eau. Quelques jours avant leur départ, ils m’ont montré la photo de ma mère éventrée. » […]

« Un jour, après le déjeuner, j’ai aperçu 5 types de Pol Pot emmener à la potence un prisonnier qui portait une culotte blanche et une chemise bleue. Après avoir introduit son cou dans le noeud coulant, ils tirèrent l’autre bout de la corde de telle façon que le pauvre malheureux s’élevât dans l’air. Puis ils lâchèrent la corde pour laisser tomber le prisonnier du haut de la potence. Ils recommencèrent le même jeu deux fois encore avant de traîner la victime dans une cellule à côté de la salle d’électrochocs. Peu de temps après, ils firent sortir un autre prisonnier ayant pour tout vêtement une culotte. Ils l’ont tué de la même manière. Après sa mort, j’ai remarqué que sa langue sortait de sa bouche. Ensuite ils ont amené un troisième qui marchait lentement parce que ses mains étaient occupées à retenir sa culotte dont l’élastique avait été défait. Ils l’ont fouetté et lui ont donné des coups de pied par derrière pour le pousser à aller plus vite. Au moment où le pauvre s’élevait dans l’air, sa culotte ayant glissé vers ses pieds, les polpotistes ont ri bruyamment. »


Extraits des documents du tribunal publiés par un groupe de juristes cambodgiens en 1988.

Une réponse sur “Un certain Phal témoignait déjà en 1979”

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *