A la juge Silvia Cartwright, Chum Mey explique qu’il a été accusé d’être un agent au service de la CIA et du KGB. « Encore aujourd’hui je me demande pourquoi j’ai été accusé d’être un agent de la CIA et du KGB. » Les premiers à avoir prononcé cette accusation sont ceux qui ont arrêtés le témoin. A ce jour, Chum Mey n’a reçu aucune explication satisfaisante. « Mon enfant de deux mois a été emmené pour être exécuté. […] Des vieilles dames sans dents, des nourrissons, en quoi étaient-ils aussi des agents du KGB et de la CIA ? Je voudrais qu’on m’explique pourquoi. Au plus profond de moi, je suis convaincu que c’est ça l’intention génocidaire. »
Cette phrase essentielle de Chum Mey n’a été traduite ni en anglais ni en français. Que le tribunal passe à côté de déclarations si substantielles est dramatique.
Après quoi Chum Mey murmure la mort dans l’âme qu’il a connu son fils (âgé de deux mois et exécuté avec sa femme par des soldats khmers rouges) l’espace d’une journée, « de 7 heures à minuit ». Il les avait rencontrés tous les deux par hasard en chemin en fuyant Phnom Penh et l’avancée des troupes vietnamiennes.