Le Kampuchéa démocratique raconté par François Ponchaud


François Ponchaud, prêtre missionnaire, conteur de l'histoire cambodgienne. (Anne-Laure Porée)
François Ponchaud, prêtre missionnaire, conteur de l'histoire cambodgienne. (Anne-Laure Porée)


44 ans d’attachement au Cambodge

François Ponchaud, 70 ans, est probablement le prêtre catholique le plus connu du Cambodge. Après avoir servi un peu plus de deux ans comme parachutiste en Algérie (il aime à rappeler son expérience de soldat), il décide de devenir prêtre missionnaire. Il est envoyé au Cambodge en 1965 où bien sûr il apprend à lire et écrire le khmer ce qui lui permet de traduire la Bible. Il assiste à l’évacuation de Phnom Penh par les Khmers rouges en 1975 et compte parmi les Occidentaux qui ferment le portail de l’ambassade de France. En France, il est le premier à raconter, en 1976, dans le journal Le Monde, puis en 1977, dans Cambodge année zéro, le drame qui se joue au Cambodge. Il écrit sur la base de très nombreux témoignages de réfugiés mais aussi sur l’écoute de la radio khmère rouge enregistrée par le père Venet.


Conseil de lecture

Mercredi 28 mai, François Ponchaud conseille d’emblée de lire ce qu’il considère comme le livre de référence sur les Khmers rouges : Pol Pot, anatomie d’un cauchemar (Denoël, 2007)*, du journaliste Philip Short. Selon le prêtre missionnaire, il s’agit du meilleur ouvrage pour comprendre le contexte historique et culturel. Difficile pour le néophyte de se faire une idée. Un coup d’œil aux critiques disponibles sur internet permet de comprendre que le livre, malgré ses grandes qualités, ne fait pas l’unanimité. Dans un article du Washington Post, Nayan Chanda (auteur de l’ouvrage de référence Les frères ennemis)  reproche à l’auteur ses « généralisations sur la culture cambodgienne et une tentative étrange d’exonérer les Khmers rouges du génocide ». Philip Short, qui prend position contre les procès des anciens dirigeants khmers rouges, estime qu’il n’y a pas eu génocide au Cambodge tandis que pour certains chercheurs le racisme des Khmers rouges ne fait pas le moindre doute, en particulier contre les Vietnamiens ou les Cham (musulmans).


Comment les Khmers rouges arrivent au pouvoir

Evidemment, le propos de François Ponchaud n’est pas de débattre de ces questions mais de raconter au public ce qui s’est passé au Cambodge. Il commence par donner des clés de compréhension : « Lon Nol [qui a renversé Sihanouk en 1970 et avait le soutien des Américains] était un fou, un mystique ! Il a fait une guerre de religion contre les Khmers rouges ! » Sans vouloir trop s’avancer sur les chiffres, François Ponchaud explique qu’il y aurait eu peut-être 600 000 morts causés par ce régime. Autre erreur, des Américains cette fois : déverser 257 000 tonnes de bombes sur le Cambodge « entre le 6 février 1973 et le 15 août 1973 ». « C’est une petite raison mais c’est une des raisons pour lesquelles les Khmers rouges sont devenus fous », commente François Ponchaud. Sihanouk aussi est responsable « parce qu’il a porté le drapeau khmer rouge auprès de la communauté internationale ». Pour accompagner son propos, le père Ponchaud montre des photographies de Sihanouk et de sa femme Monique à Phnom Kulen en visite en 1973 dans le maquis khmer rouge, encadrés par les dirigeants du mouvement. Puis une image les montre seuls, assis sur l’escalier en bois d’une maison sur pilotis. Le prêtre-conférencier a placé à côté de la photographie un commentaire ironique sur les « vacances romantiques » du couple chez les Khmers rouges. Enfin il montre Sihanouk touillant le contenu d’une grande marmite à la cuisine.


Aux portes de Phnom Penh

Après l’intermède culinaire, retour à l’histoire, en khmer-anglais, car François Ponchaud passe parfois au khmer sans même s’en rendre compte. Petit à petit donc, les Khmers rouges ont encerclé Phnom Penh. « La chute de Phnom Penh a commencé le 1er janvier à minuit. J’étais au centre de Phnom Penh, j’ai dit : ‘C’est fini’. Duch l’a confirmé la semaine dernière : le 1er janvier 1975 à minuit. » Tous les jours, il grimpe au sommet de la cathédrale de Phnom Penh et repère la progression des Khmers rouges aux fumées dans les campagnes. « Nous espérions les Khmers rouges. Nous n’avions aucun espoir en Lon Nol. Nous avons commis une erreur. Même la diplomatie américaine a demandé en 1975 à Sihanouk de revenir au Cambodge mais il a refusé, c’était trop tard. »


Avec le même souvenir précis et vivant, François Ponchaud raconte le départ de l’ambassadeur américain John Gunther Dean quittant le pays en hélicoptère, en emportant sous son bras le drapeau américain et les larmes que ce-dernier verse lors de sa prestation télévisée. Pour l’anecdote, François Ponchaud cite une interview de cet ancien ambassadeur qui déclare en substance : « J’en voulais terriblement à mon gouvernement qui m’avait demandé d’appliquer une politique stupide ». Des propos francs comme les affecte le père Ponchaud.


Le 17 avril, vu de la cathédrale

Vient ensuite le déroulement de la prise de Phnom Penh, vu depuis la cathédrale. « Il y avait deux à trois millions de personnes en ville, beaucoup venus se réfugier pour échapper aux bombardements et à la guerre dans les campagnes. »

A 7 heures, silence. Tractations entre un homme en costume noir qui sort d’une voiture blanche et les militaires des tanks qui rendent les armes.

Jusqu’à 10 heures, tout le monde se réjouit parce que la paix est revenue. « Les journalistes ont mal interprété les manifestations de joie de la population. Les gens n’applaudissaient pas l’arrivée des Khmers rouges, ils applaudissaient l’armée cambodgienne qui se rendait. » Un peu plus tard, le père Ponchaud croise des Khmers rouges froids, sérieux, qui ne décrochent pas un sourire. « J’ai murmuré en les voyant : ‘Avec ceux-là, on ne rira pas’ », se rappelle François Ponchaud.

Soudain, l’attitude des Khmers rouges change. « Nous ne sommes pas arrivés là par la négociation mais par la puissance de nos armes ! » entend dire le père Ponchaud. « Vous savez, confie-t-il, nous avions très peur des Khmers rouges pas parce qu’ils tuaient mais à cause de leur regard. » Et le prêtre d’imiter un homme terrorisé et tremblant.

A midi, la population commence à être expulsée de la capitale. Les Khmers rouges entrent dans toutes les maisons en criant : « Sortez de Phnom Penh parce que les Américains vont bombarder ! » Pourquoi les gens y croient ? « En 1973, les Américains avaient déjà bombardé la campagne proche de Phnom Penh, explique le père Ponchaud en se rappelant l’horizon rouge et le bruit des bombes. Peut-être était-ce vrai, alors tout le monde est sorti. » De toute manière, ils s’entendent dire qu’ils pourront bientôt revenir. « Ne fermez pas votre porte, l’Angkar n’est pas un voleur », ajoutent les soldats khmers rouges.

Jusqu’à 18 heures, le prêtre voit la population quitter Phnom Penh en masse. « C’était pénible de voir tous ces gens sortir de Phnom Penh, témoigne-t-il. Et ce spectacle horrible des malades, des blessés, des invalides, obligés de sortir des hôpitaux. C’était terrible, terrible, terrible ! » Mais il ne voit aucune exécution. Il insiste. Personne n’est tué.



François Ponchaud. (Anne-Laure Porée)
François Ponchaud. (Anne-Laure Porée)


« Le matin du 18, je peux vous certifier qu’il ne restait personne à Phnom Penh à part des Khmers rouges. Plus d’habitants ! » Lui refuse d’être évacué jusqu’au bout, avec un poignée d’Occidentaux qui par foi, et par solidarité, ne peuvent se résoudre à abandonner le navire. « Je suis resté à l’ambassade de France jusqu’au 4 mai, jour où j’ai donné les clés à Met (Camarade) Meth, vice-président du secteur Nord de Phnom Penh. » Il part par le dernier convoi.


Pourquoi vider les villes ?

Toutes les villes du pays ont subi le même scénario. En route vers la Thaïlande il constate que les villes traversées sont toutes vidées de leurs habitants. « Ce n’était pas de l’improvisation », affirme François Ponchaud qui imagine quelques raisons : la première, inspirée des propos de Duch et Ieng Sary, c’est que Phnom Penh était difficile à gérer du point de vue de la sécurité ; la deuxième, c’est qu’il n’y avait pas à manger pour tout le monde ; la troisième, et pour lui la plus importante, est l’idéologie : « les anciens Khmers rouges disaient que la ville était mauvaise, malfaisante parce que la ville c’était l’argent. ‘Plantez du riz et vous saurez la vraie valeur de tout’, pensaient-ils. » Cette mesure radicale aurait attiré les louanges de Mao Zedong.


Quel scénario pour la population ?

Pour les soldats de l’ancien régime et les fonctionnaires de haut rang, la mort est programmée. François Ponchaud raconte comment ils sont conviés à accueillir Sihanouk à l’aéroport, comment ils disent joyeusement au revoir à leur femme et comment ils sont exécutés à 30 km de Battambang. Les Khmers rouges avaient décidé de tuer ceux qui avaient servi « le valet de l’Amérique Lon Nol ».

Ceux qui vivent dans les zones sous contrôle khmer rouge depuis longtemps sont appelés « Ancien peuple » ou « Peuple de base » tandis que les autres, forcés à l’exode ou habitant les régions sous contrôle de Lon Nol, sont affublés des sobriquets de « prisonniers de guerre », « 17 Avril » ou encore « Nouveau peuple ».

Dans les villages, les Cambodgiens sont répartis en différents groupes d’âge, des tâches précises leur sont attribuées. « La population était organisée comme une armée qui va au combat », commente François Ponchaud. Les personnes éduquées étaient tuées. Il y avait très peu à manger, des journées de travail de 14 heures parfois, pas de médicaments et ceux qui étaient fatigués ou critiquaient l’Angkar étaient exécutés, résume-t-il. Les marginaux ou les ignorants étaient au pouvoir. « On ne peut pas imaginer le climat de peur, cette peur permanente d’être tué. Parfois les enfants espionnaient leurs propres parents. J’ai entendu des histoires de Khmers rouges disant aux enfants : ‘Il n’est pas ton père, il est l’ennemi.’ La dépersonnalisation de la société a été terrible. »


Une révolution par étapes

François Ponchaud évoque deux étapes. La première consiste à se débarrasser des éléments de l’Ancien régime. La seconde vise à faire devenir tout le monde paysan. Mais au cours de la seconde révolution, les Khmers rouges purgent leurs rangs. « Ils voulaient changer tout le personnel afin d’être purs. » D’où les plus de 200 centres de détention et de torture dans le pays. « Le procès de Duch est important mais il faut savoir qu’il y en avait beaucoup d’autres. » A l’époque, les slogans qui justifient la mort ne manquent pas : « Mieux vaut tuer un innocent que garder en vie un ennemi » ; « A les garder en vie, nul profit, à les faire disparaître, nulle perte ». « Le Vietnam et la Chine avait des conceptions différentes de la révolution, la population pouvait être rééduquée », constate François Ponchaud.


Connivences avec le bouddhisme

Pas au Cambodge. « La révolution cambodgienne a des connivences avec le bouddhisme. » Le prêtre tente une courte démonstration : « Dans le bouddhisme, un slogan dit ‘vos mérites et vos démérites vous suivent comme une ombre’. Par conséquent, on ne peut pas rééduquer quelqu’un. Et la notion de pardon n’existe pas, pas plus que la notion de personne. Nous sommes juste des énergies qui formons un être humain. Des énergies positives et des énergies négatives. La seule solution possible, c’est la mort, qui supprime ce poids du karma. »

Hors conférence, François Ponchaud insiste : « Je ne dis pas que les Khmers rouges sont bouddhistes ! Je dis que leur culture est imprégnée de bouddhisme, que leur révolution est khmère. » Il renvoie au livre L’utopie meurtrière dans lequel Pin Yathay soutient l’idée que les Khmers rouges ont développé la société cambodgienne à l’image d’une société monastique. « C’est un peu vrai. Et tous les chefs khmers rouges ont fait un séjour à la pagode. » Le père Ponchaud argumente également que les Khmers rouges ont utilisé dans leur propagande des images bouddhiques, des mots ou encore des adages. Il établit par exemple un parallèle entre la roue de la révolution dont les Khmers rouges disaient qu’elle écrase la main ou le pied qui se met en travers, de la même manière que la roue de Bouddha, la roue de la loi, écrase l’ignorance.


La place du Vietnam

Pour comprendre les relations du Cambodge avec le Vietnam et avec la Chine, François Ponchaud recommande vivement la lecture des Frères ennemis de Nayan Chanda avant de présenter un condensé des enjeux : le Vietnam communiste voulait unifier l’Indochine, les Khmers rouges refusaient de passer sous le contrôle des Vietnamiens à qui ils rêvaient de reprendre le Kampuchéa krom (au sud du pays). Sans compter le problème des frontières sur les îles du golfe de Thaïlande. « Au tribunal, Duch a dit à Nayan Chanda : ‘Nous ne sommes pas frères ennemis, nous sommes ennemis’. Pour les Khmers rouges, tout ce qui est mauvais vient des Vietnamiens. […] Mais quand Nayan Chanda a témoigné sur les attaques khmères rouges au Vietnam, il a dit qu’il n’avait jamais vu tant de brutalité. »


Thiounn Mumm, cerveau de la révolution ?

Pour le père Ponchaud, le penseur de la révolution cambodgienne n’est autre que Thiounn Mumm, le premier polytechnicien cambodgien, qui à l’âge de 84 ans vit dans le Nord de la France. François Ponchaud a cette intuition. « J’ai dit aux juges du tribunal de le convoquer. » Malheureusement, il ne détaille pas ce point en conférence. Il dit simplement qu’il a demandé il y a près de trois ans à Khieu Samphan (ancien président du Kampuchéa démocratique aujourd’hui incarcéré à Phnom Penh), qui était le penseur de la révolution. Khieu Samphan, aurait répondu : « Autrefois je croyais que c’était Nuon Chea, plus maintenant ».

Thiounn Mumm aurait contribué à la formation politique de Pol Pot en France au sein du Cercle marxiste des étudiants khmers. Il fut ministre de l’Economie et des Finances du gouvernement en exil à Pékin (à partir de 1970) avant de prendre, sous le Kampuchéa démocratique, des fonctions dans le domaine des sciences et techniques, toujours avec le rang de ministre. Cependant il est toujours resté en retrait par rapport à ses frères Thiounn Prasidh, ambassadeur des Khmers rouges à l’Onu, et Thiounn Thioeunn, ministre de la Santé des Khmers rouges. François Ponchaud suppose qu’il était « l’ombre de Pol Pot ». Il suggère que le cerveau de ce brillant ingénieur aurait pu concevoir le développement du système de digues, de canaux et d’irrigation à l’échelle du pays.


Ponchaud le « nouveau Khmer rouge »

Le Cambodge n’ayant pas grand chose d’industriel, les Khmers rouges veulent le transformer en un immense damier de rizières en ambitionnant des rendements de 3 t/ha au lieu d’une tonne. Par conséquent ils font creuser des canaux, construire des digues initiant des chantiers gigantesques, vastes fourmilières humaines comme en témoignent les images de propagande khmère rouge. « Ce n’était pas stupide parce que j’ai fait comme eux. Je suis un nouveau Khmer rouge », plaisante le père Ponchaud en racontant comment il a fait creuser 15 km de canaux et un réservoir dans la plus pure inspiration khmère rouge. Mais la différence entre le prêtre missionnaire et les Khmers rouges est nette : pas de mort sur le chantier, les paysans reçoivent du riz en échange des travaux et les revenus supplémentaires générés grâce à ces chantiers vont à ceux qui ont creusé.




*L’édition originale en anglais Pol Pot, The History of a Nightmare a été publiée en 2004.


Livres de François Ponchaud

– Cambodge année zéro, Julliard, 1977, réédité par Kailash en 1998

– La cathédrale de la rizière, Fayard, 1990

– Une brève histoire du Cambodge, éditions Siloë, 2007


François Ponchaud a également participé à la réalisation d’un livre documentaire pour les jeunes, très bien fait :

J’ai vécu la guerre du Cambodge, les Khmers rouges, écrit par Benoît Fidelin, éditions Bayard Jeunesse, 2005.


Sur François Ponchaud :

– Prêtre au Cambodge, de Benoît Fidelin, édition Albin Michel, 2000.

3 réponses sur “Le Kampuchéa démocratique raconté par François Ponchaud”

  1. Bonjour Anne-Laure,

    Il est super votre blog, super choix de mise en page, de couleur…

    Le père Ponchaud a raison au sujet du bouquin de Philippe Short et du karma.

    Philippe Short ne dit pas qu’il n’y a pas eu de crime de masse mais il remet en cause la notion de génocide au sens « crime contre l’humanité » du terme. Je ne défends pas du tout les Khmers rouges (KR), je pense que les KR doivent répondre de leur atrocités devant la communauté internationale, sinon on peut s’attendre à voir un autre petit dictateur qui a raté son CAP d’électricité se raccrocher au marxisme-léninisme puis recommencer la même chose dans un autre coin du monde… Pol Pot était un élève médiocre; plein de KR étaient bouddhistes, ont fait un virage à gauche et massacré leur compatriotes, mais quand ils ont voulu s’en prendre à leur frères révolutionnaires vietnamiens, eh bien, ceux-ci ne les ont pas ratés. Du coup, ces mêmes KR sont redevenu bouddhistes !!!

    Au nom du karma, les KR ont tué sans sourciller et le fait qu’ils soient bouddhistes ne les a pas empêché de le faire, il y a bien eu connivence quelque part entre les KR et le bouddhisme. Je ne vais pas m’étendre ici, ça n’intéresse personne ce genre de discours, ce qu’on veut c’est dénoncer les KR sur tous les toits du monde avec des airs et des mots bien sentis, on passe pour des gens bien et tout, alors que personne n’ose toucher aux autres coupables, il y en a des tas, à commencer par les Khmers eux-mêmes, tous bords confondus.

    Voilà, je ne dirais pas plus sur votre blog pour ne pas vous mettre dans l’embarras de supprimer mon commentaire ou de le garder, effacez-le si ça vous gène, rendez-vous sur le mien où je m’exprime plus ouvertement, vous pouvez même utiliser un pseudonyme pour commenter, pas besoin d’avoir un compte blogspot.

    Dangrek, un Khmer
    khmerness.blogspot.com

  2. Bonjour, je tenais à vous faire savoir que je trouve votre blog très intéressant et bien fait.
    Par ailleurs je ne suis absolument pas d’accord avec le commentaire précédent. Je suis au regret de le dire mais il y a bien eu un génocide commis par les KR.
    En effet si le crime de masse et les atrocités et massacres entrent bien dans la catégorie de crime contre l’humanité il n’empêche que le massacre du peuple Cham et des habitant du Kampuchéa Krom. si les victimes des crimes contre l’humanité sont les « populations civiles » celles des génocides le sont en raison de leur appartenance à un « groupe national, racial ou religieux ».
    Par conséquent en ce qui concerne les chams :
    Les Chams descendants du royaume hindouiste du Champa (disparu au XIXe siècle) ont toujours été culturellement différents des autres communautés cambodgiennes, ils ne portent pas le nom de Khmers, parlent le cham et pratiquent l’Islam. Ces distinctions visibles ont causé la haine des révolutionnaires qui voulaient mettre à égalité le peuple ayant la pure âme khmer.
    Le Kampuchéa démocratique a interdit en 1975 aux Chams de pratiquer leur religion. Ce qui a provoqué des soulèvements dans plusieurs villages de la province de Kompong Cham, qui ont d’ailleurs été sévèrement réprimés . Suite à ces révoltes, une véritable paranoïa s’est installée au détriment des Chams. Les Khmers rouges ont par la suite détruit les écrits retraçant les origines du peuple musulmans du Cambodge. Une grande part de l’histoire et de la culture du peuple Cham a ainsi été détruite mais aussi et surtout une part très importante de la population a été exterminée puisqu’en 1979 on ne comptait plus que 150 000 Chams au Cambodge, le régime du Kampuchéa démocratique aura donc coûté la vie à la majorité des Chams puisqu’on estime qu’entre 100 000 et 400 000 Chams sont morts durant le régime des Khmers rouges.
    Si d’après certains observateur des inculpations fondées sur le crime de génocide risquent de compliquer le procès, voire de jouer en faveur de la défense qui pourrait argumenter que les ennemis du Kampuchéa démocratique étaient identifier en fonction de leurs appartenances politiques et non ethniques ou religieuses, on peut, à l’instar de Youk Chang du centre de documentation sur le Cambodge, penser qu’au contraire cette qualification sera la bienvenue puisque seule la notion de « génocide » a été traduite en cambodgien et pas celle de « crime contre l’humanité » et donc par conséquent c’est le seul mot que les victimes (et bourreaux) comprennent véritablement.
    Les Chams ont beaucoup souffert des exactions Khmers rouges mais ils ne représentent pas la seule ethnie à ne pas avoir le « pur sang Khmer » d’autres victimes ont souffert du régime du Kampuchéa démocratique.
    2) Les autres populations n’ayant pas la pure âme Khmer
    Youk Chang explique que les preuves de génocide dans le cas des Vietnamiens très claires puisque les Khmers rouges diffusaient sur leur radio des communiqués affirmant qu’ils voulaient massacrer tous les Vietnamiens. Selon le Centre de documentation du Cambodge, très peu de résidents vietnamiens au Cambodge ont survécu au régime du Kampuchéa démocratique. Après le début d’un conflit armé entre le Cambodge et le Vietnam en 1977, les purges contre les Vietnamiens se sont accélérées. Plusieurs centaines de soldats vietnamiens capturés pendant le conflit ont été exécutés au centre de tortures S-21 à Phnom Penh, dirigé par Douch, premier responsable khmer rouge à être jugé. Le verdict à son encontre doit être prononcé en mars prochain.
    (propos issus de mon mémoire portant sur l’efficacité des CETC)

    Cordialement Mya, Master II recherche, droit international privé, Paris II Panthéon Assas

  3. je souhaite avoir de nouvelles de père venet,qu’il nous a acceuillie (moi et mes 2 frères) début 1981 dans son ophelinat au camp de réfusée à khao i dang (Thailand)

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